Nous n’oublierons jamais la nuit d’horreur du 13 novembre 2015

C’était il y a 10 ans, dans la nuit du 13 novembre 2015. C’était il y a 10 ans et nous nous souvenons de cette nuit comme si c’était hier. Et nous nous en souviendrons toujours.

Abonnement Cap Clair
3 min ⋅ 13/11/2025

Chers amis,

C’était il y a 10 ans, dans la nuit du 13 novembre 2015.
C’était il y a 10 ans et nous nous souvenons de cette nuit comme si c’était hier.
Et nous nous en souviendrons toujours.

Trois commandos de terroristes islamistes ont frappé ce sinistre soir la France au cœur. La France, notre nation, et la vie avec elle.
Ces fanatiques sanguinaires n’avaient qu’un seul but : tuer. Tuer devant un stade. Tuer au Bataclan. Tuer sur les terrasses. Tuer.
Cibler tout ce qui embellit l’existence, cribler de balles la musique, le sport, le mélange des corps et des âmes, la joie, l’amitié, l’amour. Tirer. Tuer. Encore et toujours.

Je veux aujourd’hui rendre hommage aux victimes, à toutes ces vies brisées.
Il y eut ce soir-là 130 morts. Cent trente morts. Des mamans, des enfants, des grands-parents, des voyageurs de passage ou des habitants du quartier, des passionnés de métal ou des amateurs de foot, des riches et des pauvres, des bienheureux et des taciturnes, des timides et des extravertis : penchez-vous sur les morts du 13 novembre et vous verrez la vie elle-même dans toute sa diversité, avec toutes ses facettes.  

Je revois notamment le visage rayonnant de Lola Ouzounian, tuée à 17 ans alors qu’elle était venue au Bataclan avec son père. Lycéenne à Paris, elle fréquentait le cirque de Bagneux et adorait la musique. Son chemin de vie commençait à peine, elle était débordante de curiosité et de générosité, elle avait tant à faire, tant à vivre, tant de fous rires et tant de larmes, tant de concerts et tant de spectacles devant elle… 

Je pense aussi à Guillaume Valette qui, s’il a survécu quelques années au carnage du Bataclan, n’en est jamais vraiment sorti. Ses blessures intérieures étaient trop grandes, la fêlure trop profonde. Il est la « 131ème victime » du 13 novembre et, à travers son funeste destin, nous nous souvenons que le terrorisme tue sur le coup, mais aussi à retardement, par les traumatismes qu’il cause, par les plaies qu’il inflige et que rien ne peut venir cautériser.  

Je sais qu’il est de bon ton de dire qu’il faut se souvenir des victimes et oublier les bourreaux. Je ne le crois pas. Je veux me souvenir de tout ce qui fit cette nuit d’horreur. Des tués et des tueurs. De ceux qui aimaient la vie et de ceux qui aimaient la mort.
Ces bourreaux du 13 novembre 2015 portent le visage hideux de la haine.

Une haine imbécile qui ânonne en boucle ses certitudes idiotes et ressasse sans cesse le même ressentiment.
Une haine cruelle qui s’attaque à des civils désarmés, à des passants, à des enfants et nous désigne tous comme sa cible.
Une haine nihiliste qui veut frapper n’importe qui, n’importe quand pour terroriser un pays entier.
La haine qui est le moteur intime de ce fanatisme politico-religieux face auquel aucune faiblesse n’est possible. 

La haine de la France et de la vie qui animait les tueurs du 13 novembre entendait nous briser, saper notre démocratie, ébranler notre République, casser nos modes de vie. Et nos vies.
Ils voulaient d’une France qui céderait sur ses valeurs et de Français qui renonceraient au bonheur. Disons-le avec force : ils ont tué mais ils n’ont pas gagné.
Nous leur avons répondu en réaffirmant ce que nous sommes et ce que nous voulons être, en tant que Français. Leurs crimes ont renforcé notre attachement à la liberté, leur culte de la mort a décuplé notre amour de la vie. Nous avons continué à sortir, à rire, à chanter, à faire la fête, à nous mêler, à nous aimer. À vivre, libres.
Nous savons ce que nous devons à nos forces de l’ordre et à nos services de sécurité, aux secouristes et aux soignants, aux magistrats et aux enseignants, à tous ceux qui portent la République, chaque jour.
Nous savons ce que nous leur devons et nous savons que la démocratie est plus forte que ne le pensent ses ennemis, que la République est plus solide que ne l’imaginent les fanatiques, que la France et l’Europe sont libres et qu’elles le resteront.

Dix ans plus tard, nous sommes debout, ensemble, et nous allons le rester.

Nous dansons, nous jouons au foot, nous voyons nos amis à une terrasse, et surtout nous sommes habités par cette conscience que la liberté est un combat : contre les fanatiques, contre les terroristes, contre les tyrans et les assassins, les propagateurs de haine. Un combat pour la vie. Et ce combat, nous le gagnerons.

Nous n’oublierons jamais la nuit d’horreur du 13 novembre 2015.
Nous vivrons avec nos morts. Et nous vaincrons leurs bourreaux.

Raphaël

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Par Raphaël Glucksmann