À quoi sert la politique ?

Dans les temps de tumultes, une grande voix d’outre-tombe vient parfois briser la cacophonie et offrir une réponse plus forte à cette question que le bavardage ambiant.

Abonnement Cap Clair
2 min ⋅ 09/10/2025

À quoi sert la politique ? 

Dans les temps de tumultes, une grande voix d’outre-tombe vient parfois briser la cacophonie et offrir une réponse plus forte à cette question que le bavardage ambiant. 

Entendons ce soir la voix de Robert Badinter, comprenons ce que peut produire une vie politique, véritablement politique.

Rares sont les hommes qui ont tenu bon de la naissance à la mort sur l’essentiel. Les principes. Les libertés. La démocratie. 

Aujourd’hui, la nation rend hommage à l’un d’eux.

Par son combat inlassable pour la justice et la dignité humaine, il a incarné la France des Lumières, du droit, du progrès. Notre si belle France.

Quelle immense vie de militant et d’avocat, de ministre et d’homme !

Le point d’orgue de son engagement, l’abolition de la peine de mort, a rendu la France enfin fidèle à la promesse qu’elle fit au monde - et se fit à elle-même - un beau jour d’août 1789. 

Les mots qu’il prononça alors à l’Assemblée, ceux d’un homme préférant l’âme de son pays aux sondages du moment, sont la plus belle invitation au courage et à la décence et la plus magnifique réponse à cette question : à quoi sert au fond la politique ?

La lutte de Robert Badinter pour le progrès humain ne s’est évidemment pas limitée à la peine de mort. En dépénalisant pleinement l’homosexualité, il a tourné une page sombre de notre histoire et libéré la France des vestiges de Vichy.

Et il n’était pas qu’une conscience française, un combattant de l’Europe. D’une Europe des droits et des libertés. Et son dernier geste fut l’acte d’accusation de Vladimir Poutine, le tyran qui menace notre continent. 

Robert Badinter a porté dans son cœur et ses tripes, tout au long de sa vie, ce « pacte vingt séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde » dont parlait le Général de Gaulle, la certitude que la France n’était jamais autant elle-même que lorsqu’elle s’adressait aux autres, dans le langage de l’universel.

La France de Robert Badinter c’est celle de Voltaire et de Blum, de Hugo et de Gary. Elle ne s’éteindra jamais. Et nous la défendrons sans faiblir, dans son sillage.

Robert Badinter entre au Panthéon. Entendons sa voix et suivons sa voie. Soyons dignes aujourd’hui de l’homme qui arrêta jadis le bras des bourreaux. 

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Par Raphaël Glucksmann